LES RISQUES DU TABAC SUR LA GROSSESSE :
Fumer durant la grossesse comporte un certain nombre de risques :
- les femmes fumeuses doublent leur risque de faire une grossesse extra-utérine ;
- le risque de faire une fausse couche spontanée est en moyenne triplé. Ce risque dépend de la quantité de cigarettes que l’on fume : ainsi, pour une femme fumant plus de 30 cigarettes par jour en début de grossesse, ce risque de fausse couche spontanée serait multiplié par cinq ;
- le placenta risque de se fixer trop bas dans l’utérus, ce qui peut provoquer un hématome rétroplacentaire et entraîner des saignements lors du troisième trimestre de la grossesse ;
- le risque de rupture des membranes avant 34 semaines d’aménorrhée est multiplié par trois, ce qui en fait la première cause d’accouchement prématuré chez la femme enceinte fumeuse.
L’idéal est bien sûr d’arrêter de fumer avant la grossesse. Si cela n’a pas pu se faire, l’arrêt sera toujours bénéfique à n’importe quel moment de la grossesse, pour la futur maman comme pour le foetus ou l’enfant. Il n’est donc jamais trop tard pour arrêter de fumer, même en fin de grossesse.
LE TABAC SUR LA GROSSESSE ?
Néfaste pour la santé en général, le tabac l’est encore plus pendant la grossesse. Mais il faut savoir que le tabac entraine des méfaits, avant, pendant et après la grossesse. Nul n’ignore que la grossesse est une période extrêmement délicate dans la vie d’une femme. Les activités, l’alimentation et les habitudes durant cette phase doivent respecter certaines règles afin de protéger et de préserver autant la vie de la femme que la vie de l’enfant en devenir. Le tabac figure parmi les principaux facteurs de risque qui pourraient entraîner des effets néfastes sur la grossesse et la santé reproductive de la femme, mais également sur la santé de l’enfant. Vous découvrirez à travers cet article, les conséquences du tabagisme sur la santé reproductive, sur la santé du fœtus, sur la grossesse et sur la santé de l’enfant. On parle aussi des dangers du tabac sur l’allaitement et des traitements possibles à la dépendance au tabac. A la fin, on aborde les effets du tabagisme passif sur la femme enceinte.
Le tabac à t-il une influence sur la fécondité ?
Selon les nombreuses recherches effectuées au sujet du tabac et de la fécondité, il est certain que le tabagisme affecte la fertilité et la capacité reproductive de l’homme et de la femme
Effets du tabac sur la fécondité de l’homme
On sait actuellement que les substances contenues dans la fumée de cigarette, libérées brutalement dans le sang de la mère sont extrêmement toxiques, affectant ainsi, à différents niveaux, le système reproducteur mâle. En effet, le tabac diminue significativement le volume séminal, le nombre et la mobilité des spermatozoïdes. Le tabac peut également compromettre l’intégrité de l’ADN des spermatozoïdes et leur maturité nucléaire. En outre, sauf à inverser la tendance et arrêter de fumer ou du moins réduire considérablement le nombre le tabac consommé par jour, le tabagisme peut entrainer une dysfonction érectile temporaire.
Selon quelques études in vitro réalisées, la consommation de tabac diminue de 40 % les chances de fécondations in vitro. En outre, les analyses suggèrent que le tabac endommage la tête du spermatozoïde, réduisant ainsi sa capacité à se fixer à l’ovule et à y pénétrer. D’autres recherches ont révélé que le tabac réduit significativement les chances pour une grossesse de dépasser la douzième semaine.
Effets du tabac sur la fécondité de la femme
Il ne fait aucun doute que le tabagisme affecte la fertilité de la femme. Selon une étude française réalisée dans les années 80, la consommation de tabac réduit de 15 % les chances de tomber enceinte. En effet, le tabac compromet la folliculogénèse. Une trop grande concentration de nicotine, de cotinine, de cadmium, de benzopyrène et autres métabolites toxiques du tabac, dans le liquide folliculaire non seulement perturbe le cycle ovulatoire, mais entraine également un risque élevé d’anomalies chromosomiques des ovules arrivés à maturité. Par ailleurs, une grande consommation de tabac diminue significativement la réserve ovarienne. Il faut savoir également qu’à moins d’inverser la tendance et d’arrêter de fumer, le tabagisme avance de 2 ans en moyenne l’arrivée de la ménopause.
Est-il fréquent de continuer de fumer pendant sa grossesse ?
Connaissant les risques encourus en raison de la consommation de tabac pendant la grossesse, de nombreuses futures mamans continuent malgré tout de fumer avant et pendant cette période. Plus que dans les autres pays européens, où environ 10 à 15 % des femmes enceintes continuent de fumer, selon les statistiques, en France, environ 1 femme sur 4 soit plus de 24 % continue de fumer pendant leur grossesse. Malgré une féroce volonté d’arrêter de fumer, bien rares sont les femmes fumeuses qui, une fois enceintes, réussissent à arrêter de fumer. Conscientes du potentiel danger du tabac sur la grossesse et le bébé, certaines parviennent à réduire le nombre de cigarettes fumé par jour, sans réussir complètement leur sevrage. En outre, depuis 1997, après avis d’un médecin, d’un gynécologue obstétricien ou d’un tabacologue, l’usage de substituts nicotiniques est autorisé sous contrôle médical, chez les femmes enceintes et celles qui allaitent.
Quelles sont les conséquences du tabac sur la grossesse ?
Fumer pendant la grossesse peut entrainer de nombreuses complications. L’inhalation de la fumée avec ses nombreuses substances toxiques notamment, la nicotine, la cotinine, l’oxyde de carbone et plus encore, entraine de nombreux effets néfastes, tels que la grossesse extra-utérine, la fausse-couche ou avortement spontané, l’accouchement prématuré.
Le tabac augmente les risques de grossesse extra-utérine
Le tabac augmente le risque de grossesse ectopique. Environ 35 % des grossesses extra-utérines sont dues à une forte consommation de tabac pendant la grossesse. En effet, en déréglant les contractions des muscles lisses et en provoquant une dyskinésie ciliaire ou une réduction de la fréquence des battements ciliaires, les toxines contenues dans la fumée du tabac entravent la migration de l’embryon dans les trompes de Fallope vers la cavité utérine.
Le tabac augmente les risques de fausse-couche ou d’avortement spontané
Un avortement spontané, appelé communément fausse-couche est une des complications qui survient pendant la grossesse. Il s’agit d’une complication qui entraine la perte du fœtus avant l’arrivée de la 24ème semaine de grossesse. Arrivée avant la 12ème semaine, la fausse couche est dite précoce ; au-delà, elle est dite tardive. Plusieurs études européennes et américaines ont révélé que le tabac augmente significativement les risques d’avortement spontané précoce ou tardif chez les fumeuses, et le risque est d’autant plus accru que la quantité de cigarettes fumée est élevée. Le tabagisme durant la grossesse augmente de 3 fois les risques de faire une fausse-couche. Tout ceci s’explique par l’effet du tabac sur la vascularisation de l’endomètre. En effet, la muqueuse utérine soumise aux substances toxiques du tabac est impropre à fixer l’embryon. Altérant l’adhésion de l’ovocyte, le tabac favorise ainsi les fausses-couches, le travail préterme, le décollement prématuré du placenta, les différentes complications obstétricales voire même la mort subite du nourrisson.
Le tabac augmente les risques d’accouchement prématuré
Un accouchement est prématuré, lorsque la grossesse n’arrive pas à son terme et que le bébé vient à naitre avant 34 semaines d’aménorrhée. Selon les nombreuses constatations, le tabagisme est l’une des premières causes de l’accouchement prématuré. En effet, il a été prouvé de façon scientifique que les substances toxiques contenues dans la fumée du tabac peuvent provoquer une rupture de la poche des eaux, entrainant ainsi un accouchement prématuré.
Quels sont les effets du tabagisme sur le fœtus ?
Il faut savoir que lorsqu’il est dans l’utérus, le fœtus reçoit l’oxygène du sang de sa mère. Et lorsque cette dernière fume, son sang véhicule chez le fœtus un gaz particulièrement toxique, le monoxyde de carbone. En outre, les substances du tabac, notamment la nicotine, a un effet vasoconstricteur sur les artères placentaires et ombilicales, ce qui entrave la circulation normale du sang. Il s’ensuit donc une mauvaise oxygénation du fœtus. Et les effets du tabagisme sur le fœtus dépendent de la quantité de cigarettes fumée ; plus la femme enceinte fume, plus le fœtus subit des conséquences encore plus importantes.
Le tabac augmente les risques d’enfant né avec un poids insuffisant
Exposés aux substances toxiques du tabac, l’embryon et le fœtus connaissent un retard de croissance intra-utérin, d’où un enfant de poids insuffisant à la naissance, et ce même si la grossesse arrive à terme. En moyenne, le poids de naissance d’un bébé est en moyenne compris entre 2,6 et 4 kilos. Cependant un bébé né de mère fumeuse pèse moins, avec une moyenne de 2,2 kilos. Cette diminution du poids correspond à une réduction de différents tissus.
D’une part, chez un enfant né de mère fumeuse, la taille et le périmètre crânien sont généralement réduits, entrainant des troubles du comportement et des troubles de l’intelligence. Soit l’enfant est hyperactif, soit il est débile, soit il éprouve de sérieuses difficultés de compréhension, de concentration et de mémorisation.
D’autre part, un enfant né de mère fumeuse éprouve souvent des difficultés respiratoires. Elles sont dues à un rétrécissement anormal et définitif du poumon et des bronches. Les enfants nés de femmes fumeuses ont plus de probabilité de souffrir d’asthme sévère.
Le tabac augmente les risques d’enfant mort-né
Un enfant mort-né est par définition un enfant né sans vie. On parle ici de la mort fœtale in utéro. Plusieurs causes en sont à l’origine, dont notamment le tabagisme passif et actif de la mère.
Les substances toxiques du tabac peuvent entrainer de graves malformations du fœtus au niveau du système cardio-vasculaire, du système nerveux ou du système digestif, provoquant soit un avortement spontané soit la mort du fœtus à l’intérieur même de l’utérus.
Le tabac et ses dérivés toxiques peuvent également entrainer un retard précoce significatif dans le développement du fœtus, conduisant, dans les cas les plus extrêmes, à la mort du fœtus. En effet, la fumée toxique du tabac peut provoquer une anomalie chromosomique, une intoxication ou une infection, entravant la croissance normale du fœtus.
Le tabac augmente les risques de mort subite du nourrisson
La mort subite du nourrisson est la mort d’un enfant né vivant et viable, entre son premier mois et sa première année de vie. Elle peut être due à de nombreux facteurs, dont le tabagisme maternel. Selon les nombreuses données obtenues, le risque de mort subite du nourrisson est 3 à 4 fois plus élevé chez une femme fumeuse. En effet, l’exposition du fœtus à la nicotine et autre toxine du tabac entraine des retards de croissance intra-utérine, augmentant significativement la vulnérabilité du nourrisson, notamment au niveau de son poumon, de son système immunitaire et de son système nerveux central. Les perturbations du développement cérébral et de la maturation des neurones entraînent en effet des altérations graves des contrôles cardio-respiratoires et des mécanismes d’éveils. Il faut savoir que l’effet est lié à la dose ; plus le nombre de cigarettes fumées est élevé plus le risque de mort subite est grande.
Quels sont les traitements de la dépendance au tabac autorisés pendant la grossesse ?
L’idéal pour assurer la santé de la mère et celle de l’enfant en devenir est l’arrêt du tabac par la mère et le père du futur enfant avant la grossesse. Evidemment, si l’arrêt n’a pas été possible, il sera toujours bénéfique à n’importe quel moment de la grossesse, autant pour la mère que pour le fœtus et le futur enfant. Cependant, les difficultés du sevrage constituent un problème encore très présent dans la société actuelle, l’accoutumance au tabac étant trop élevée.
La première solution pour le traitement de la dépendance au tabac reste la dissuasion par des approches psychologiques et comportementales. Ils consistent à convaincre la femme enceinte et plus largement les parents du futur enfant des réels dangers du tabac sur leur santé, l’issue de la grossesse, la santé de leur future progéniture. Les messages doivent être clairs, sans ambiguïtés et personnalisés afin d’optimiser les résultats. La sensibilisation des futurs parents, à défaut d’entrainer une abstinence complète, conduit généralement à la réduction de la quantité de cigarettes fumées. Evidemment, une telle diminution n’élimine pas les risques, mais au moins, elle réduit et minimise les effets du tabac sur la santé de la mère, de celle du fœtus et plus tard de celle de l’enfant.
Afin de pallier aux problèmes de sevrage, la pharmacothérapie est une option offerte aux femmes enceintes qui ne parviennent pas à arrêter de fumer. En effet, à partir de 1997, la loi autorise la prescription de substituts nicotiniques aux femmes enceintes qui ne réussissent pas leur sevrage. En effet, selon les constatations médicales, la nicotine de ces substituts est préférable aux nombreuses substances toxiques libérées brutalement dans le sang par la consommation du tabac. Ces médicaments à base de nicotine sont vendus sous différentes formes et à des doses différentes. Ainsi, ils existent sous forme de timbres ou patchs, de gommes à mâcher, de pastilles à sucer ou à laisser fondre dans la bouche ou sous la langue, d’inhalateur ou de spray. Bien que vendu sans ordonnance en pharmacie, il est fortement recommandé de consulter l’avis d’un médecin, d’un gynécologue obstétricien ou d’un tabacologue avant d’en faire usage. Ils seront en mesure de prescrire la dose appropriée ainsi que la forme la plus adaptée à la femme afin d’assurer le moindre risque pour la femme et l’enfant. Généralement, une exposition intermittente est préférable à une consommation continue du médicament.
Il est bon à savoir que la nicotine des substituts est la même que celle contenue dans les cigarettes. Cependant, elle diffère suivant leur mode de pénétration dans le corps. La nicotine de la cigarette, associée à 4000 autres substances toxiques vont pénétrer très rapidement par le système artériel pulmonaire et arriver au cerveau en quelques secondes seulement, tandis que la nicotine des substituts va se diffuser très lentement par les veines, en passant par la peau ou par la muqueuse buccale.
Peut-on allaiter son enfant quand on fume ?
Une question qui est souvent posée concerne la possibilité pour une femme fumeuse d’allaiter son enfant. La réponse est évidente, fumer n’est pas bon pendant l’allaitement. En effet, en-dehors du fait que le volume de sécrétion de lait diminue, la nicotine de la cigarette passe aussi dans le lait maternel et donc forcément, le bébé en absorbe. On sait aujourd’hui que le lait d’une maman qui fume au minimum 10 cigarettes par jour contiendrait au minimum 0,40 mg de nicotine par litre. En outre, le tabagisme passif auquel on expose l’enfant nuit considérablement à sa santé, car ses poumons sont encore extrêmement sensibles. Cependant, selon les professionnels de la santé, le tabac et l’allaitement ne sont pas nécessairement incompatibles. En effet, en suivant certaines précautions, une mère fumeuse peut tout de même allaiter son enfant.
Réduire le nombre de cigarettes fumées
Réduire sa consommation de cigarette est un bon réflexe lorsqu’une mère fumeuse désire allaiter son enfant. En effet, fumer moins de 5 cigarettes par jour ne nuit pas à la santé de l’enfant. Au-delà de 10 cigarettes par jour, le bébé va présenter des signes d’intoxication tels que la tachycardie, la pâleur, les coliques, les vomissements, les diarrhées, la somnolence et l’hyper agitation. En outre, une mère qui fume moins et qui allaite son enfant est préférable à une mère qui fume davantage et qui décide de ne pas allaiter son enfant.
Fumer en dehors de la présence du nourrisson, juste après la tétée
Si la mère ne peut s’empêcher de fumer, il est conseillé de le faire dans une pièce qui n’est pas fréquentée par le bébé, voire à l’extérieur de la maison, sur un balcon, une terrasse, dans le jardin… il est également recommandé d’aérer convenablement la pièce où se trouve le bébé. Le moment idéal pour fumer est l’heure qui suit la tétée. En effet, la nicotine passe directement dans le lait maternel et se dissipe peu à peu jusqu’à disparaitre complètement dans les 3 heures qui suivent la consommation. Cependant, cette précaution est inefficace pour les mamans qui allaitent à la demande.
Quels sont les risques si une femme enceinte est exposée à la fumée des autres ?
Le tabagisme passif consiste à inhaler involontairement la fumée dégagée par les personnes fumeuses aux alentours. Selon les sources et les différentes constations, le tabagisme passif est encore plus dangereux que le tabagisme actif. Les risques de complications pendant la grossesse au moment de l’accouchement sont accrus chez les femmes qui inhalent la fumée. Ainsi, chez une femme exposée à la fumée des autres :
- le risque de fausse-couche est augmenté de 17 %, contre 16 % chez une femme fumeuse
- les grossesses extra-utérines et la mort fœtale in utéro sont de 55 à 60 %, contre 45 % chez une femme fumeuse
- les retards de croissance et la mort subite inopinée du nourrisson sont également plus élevés que chez une femme fumeuse.