ARRÊTER DE FUMER, GROS PLAN SUR LES TRAITEMENTS DE LA DEPENDANCE TABAGIQUE.
AUJOURD’HUI : LES PATCHS
Personne ne l’ignore, le tabac a des conséquences extrêmement néfastes sur la santé du corps et du cerveau. En plus de nuire aux différents organes et d’entrainer de sérieux problèmes de santé comme le cancer et les maladies cardiovasculaires, le tabac avec ses 4000 substances toxiques crée une dépendance physique et psychologique qui rend le sevrage, pourtant nécessaire, difficile et quasi insurmontable. Les patchs sont-ils vraiment efficace.
Un fumeur a dit un jour : « arrêter de fumer ? Soyez sérieux, c’est au moins aussi difficile que de s’arracher une dent sans anesthésie tous les jours ». Le schéma peut sembler ridicule, mais il est assez lourd de sens en réalité. La dépendance au tabac est telle que, l’arrêt est impossible à réaliser seul, sans subir le moindre mal, sans effort et sans aucune souffrance physique et psychologique.
Trouver une solution efficace et durable de la dépendance tabagique constitue ainsi une préoccupation prioritaire lorsqu’on voit le nombre toujours croissant des personnes qui tombent malades et qui décèdent à cause de l’inhalation volontaire ou involontaire du tabac. En effet, actuellement, plus de 6 millions de personnes dans le monde sont mortes chaque année. En France, plus de 66 000 personnes, fumeurs ou victime du tabagisme passif meurent chaque année. En outre, le tabac augmente de 10 fois le risque d’infarctus, de 8 fois le risque d’accident vasculaire cérébral, de 10 fois le risque de cancer de poumon, de 7 fois le risque de cancer du pharynx, de 4 fois le risque de cancer de l’œsophage et de la bouche et de 2 fois le risque de cancer de la vessie.
Le traitement de la dépendance au tabac consiste à apporter une dose de nicotine à l’ex-fumeur afin de lui permettre d’éviter les méfaits du tabac tout en lui apportant la nicotine que son corps réclame. Les substituts nicotiniques jouent ainsi un rôle prépondérant dans le sevrage tabagique. Ils aident à lutter contre la dépendance et doublent la chance de réussir à arrêter de fumer.
Pour se libérer de l’accoutumance au tabac, les traitements préconisés sont nombreux y compris, les patchs, les gommes à mâcher, les inhalateurs et les comprimés. Cependant, ces substituts sont rarement suffisants et nécessitent d’autres moyens supplémentaires comme
Si vous songez à arrêter de fumer et que vous voulez essayer les patchs, vous trouverez dans cet article, tout ce qu’il y a à savoir à propos de ce substitut nicotinique.
Un patch, c’est quoi exactement
Un patch à la nicotine, encore appelé timbre à la nicotine, est une sorte de sparadrap imbibé de nicotine couramment utilisé pour éviter, réduire ou mieux supporter les symptômes de manque apparaissant inévitablement à l’arrêt du tabac. Il s’agit d’une sorte de timbre qu’on applique généralement sur l’omoplate ou l’épaule, et qui diffuse lentement la nicotine à travers la peau.
Les patchs, substituts nicotiniques, sont-ils vraiment efficaces ?
Pour juger de l’efficacité du patch, il est nécessaire de voir son effet sur le long terme. S’il est indéniable que l’usage du patch pendant un certain temps soulage les symptômes, le vrai problème qui se pose est de savoir si l’application du patch permet d’éviter une rechute.
Il a été prouvé que le patch fournit une dose constante et durable de nicotine durant la journée, ce qui permet d’éviter les différents symptômes comme l’irritabilité, l’envie de fumer, l’envie de grignoter et autres troubles du comportement alimentaire, les sautes d’humeur, la nervosité, le stress, les difficultés de concentration et autres désagréments dus à l’arrêt du tabac.
Il a été prouvé également que le patch est efficace lorsqu’il est utilisé à bonne dose, et ce en fonction du degré de dépendance du fumeur. Le patch doit en effet libéré l’équivalent de la nicotine au moment du tabagisme actif. Il est donc impératif de bien choisir parmi les différents dosages :
- les patchs sur 24 heures :
- de petite taille soit 10 cm² à 7 mg,
- de taille moyenne soit 20 cm² à 14 mg
- de grande taille soit 30 cm² à 21 mg
- les patchs sur 16 heures
- de petite taille à 5 mg
- de taille moyenne à 10 mg
- de grande taille à 15 mg
Les patchs les plus larges sont utilisés en début de sevrage, et les timbres les plus petits seront appliqués vers la fin du traitement. Pour accomplir avec succès le sevrage, on diminue progressivement le dosage du patch. Afin d’adapter le traitement à son profil, une visite médicale est vivement conseillée.
Il faut savoir que le patch n’est pas un médicament antitabac. Il est clair qu’on n’arrête pas de fumer, simplement en appliquant des timbres à la nicotine. En effet, le patch est au sevrage tabagique ce que l’anesthésie est à l’opération chirurgicale. Il est nécessaire, car il facilite grandement l’arrêt tabagique et aide à lutter contre la dépendance physique au tabac, mais il est insuffisant et nécessite une approche psychologique en parallèle.
Peut-on devenir dépendant aux patchs ?
Par peur de voir le nœud se refermer pour former un cercle vicieux, de nombreux fumeurs craignent d’utiliser le patch à l’arrêt du tabac. Les timbres à la nicotine sont conçus pour aider et faciliter l’arrêt du tabac, sans créer aucune dépendance.
Si vous faites partie de ces fumeurs sceptiques quant à l’utilisation des patchs, qui se demandent comment s’y prendre pour substituer à la nicotine de substitution, rassurez-vous, les patchs ne provoquent aucune dépendance. En effet, jusqu’à ce jour, aucune accoutumance au patch n’a été observée. Sachez à partir de ce jour que ce n’est pas la nicotine en elle-même qui crée la dépendance. L’accoutumance au tabac résulte principalement de la vitesse d’absorption de la nicotine et de la vitesse de sa diffusion au niveau du cerveau. Il faut savoir que la nicotine de la cigarette atteint en quelques secondes le cerveau, tandis que la nicotine du patch est libérée sur la partie superficielle de la peau, pénètre lentement par la voie veineuse avant d’arriver à vitesse constante dans le cerveau. La cigarette offre ainsi un plaisir inestimable et addictif pour le fumeur, ce qui le rend accro et qui le pousse à rechercher la cigarette pour éprouver ce plaisir. Ainsi, le patch de nicotine à libération lente n’entraine aucune dépendance.
Y a-t-il des contre-indications à l’utilisation des patchs ?
Pour un fumeur en état de dépendance, il n’existe aucune contre-indication au patch de nicotine. Actuellement, l’usage du patch est même autorisé chez les personnes vulnérables comme les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les mineurs, les personnes atteintes de diabète et de maladies cardiovasculaires. Cependant, l’usage doit être sous contrôle médical. Les fumeurs à risques doivent même être suivis de près par un médecin ou un tabacologue.
Peut-on avoir des allergies aux patchs ?
Il n’est pas impossible que l’ex-fumeur soit intolérant voir allergique au patch. Dans ce cas, on recommande de changer de substitut nicotinique. Il faut cependant faire attention et éviter de confondre allergie et simple réaction cutanée en début de traitement. En effet, il arrive que durant les premières heures d’utilisation, le patch entraine des picotements et des démangeaisons. On préconise d’abord de changer de la place du patch. Si les symptômes réapparaissent, on préconise de changer la marque du patch. Si les symptômes persistent, il est plus prudent de consulter l’avis du pharmacien, du médecin ou du tabacologue.
Est-il dangereux de fumer une cigarette avec un patch ?
Il est contre-indiqué de fumer durant le traitement avec le patch de nicotine. En effet, le risque de surdosage à la nicotine n’est pas à écarter. Ne faites pas l’erreur de croire que le fait de retirer le patch le temps de fumer une, deux ou trois cigarettes écarte le risque de surdose. En effet, la nicotine restée sur la couche superficielle de la peau continue d’être diffusée lentement dans le sang pendant un minimum de 2 heures après le retrait du patch.
Vous saurez que vous êtes en situation d’overdose lorsque vous avez l’impression d’avoir trop fumé, lorsque vous avez la bouche pâteuse, lorsque vous souffrez de diarrhées, d’insomnie, de vertiges, de maux de tête ou de nausées.
En outre, si le besoin de fumer est aussi fort au point d’en arriver à retirer le patch, c’est que le dosage du patch n’est pas adapté à l’utilisateur et à son degré de dépendance. Il est donc recommandé de revoir le dosage avec le médecin, le pharmacien ou le tabacologue. Ils peuvent par ailleurs préconiser l’usage d’un autre substitut nicotinique comme la pastille ou la gomme.
Patch et arrêt progressif de la cigarette
Dans certaines situations et plus particulièrement chez les gros fumeurs fortement dépendants, le patch est utilisé pour faciliter l’arrêt progressif du tabac. Afin de mener à bien le sevrage tabagique, le tabacologue conseille une réduction progressive de la quantité de cigarettes fumées, avec une substitution ponctuelle au patch. En début de traitement, la quantité de nicotine apportée par la cigarette peut être supérieure à celle apportée par le patch. Le traitement consiste alors à renverser la tendance jusqu’à arrêter totalement la cigarette.
Peut-on utiliser plusieurs formes de substituts à la fois ?
L’usage simultané de plusieurs formes de substituts est possible et peut même être recommandé en début de traitement, surtout chez les gros fumeurs. Afin de gérer les moments les plus difficiles du sevrage tabagique, un deuxième substitut peut s’ajouter au patch. Et le patch offre l’avantage de se combiner avec tous les substituts nicotiniques qu’il s’agisse de spray nasal, de gomme, de pastille, de tablette ou d’inhalateur.
Pourquoi combiner le patch avec d’autres substituts nicotiniques ?
Le patch est un coup de pouce efficace pour faciliter le sevrage tabagique. Cependant, il arrive que le patch ne supprime pas définitivement l’envie de fumer, et ce même s’il est bien dosé. Ce problème est plutôt d’ordre psychique. Le fumeur est trop habitué à l’oralité. En effet, la cigarette habitue le fumeur à se mettre quelque chose dans la bouche. La solution dans ce cas, c’est de combiner le patch avec d’autres substituts par voie d’administration orale comme la gomme à mâcher ou la pastille. Ces associations ne sont toutefois recommandées que d’une manière ponctuelle, au moment où l’envie de fumer devient intense et irrésistible et le sentiment de manque est trop dur à supporter.
Une femme enceinte peut-elle utiliser les patchs ?
Depuis 1997, l’usage des patchs de nicotine et autres substituts nicotiniques est autorisé chez la femme enceinte, sous contrôle médical. En raison des risques encourus du tabagisme passif et actif pendant la grossesse, on ne saurait trop recommander l’utilisation de ce substitut nicotinique chez la femme enceinte. Comme indiqué dans notre article « grossesse et tabac », qui traite de l’effet du tabac sur la fécondité, la grossesse et l’allaitement et qui aborde les traitements possibles de la dépendance au tabac durant la grossesse, le substitut nicotinique dont le patch est préférable à la fumée de cigarette.
La nicotine contenue dans les cigarettes est-elle différente de celle des patchs ?
Il n’existe aucune différence entre les deux substances, car la molécule de nicotine contenue dans la cigarette est la même que celle contenue dans les patchs. Elles diffèrent quant à leur mode de pénétration dans l’organisme, leurs conséquences et leurs effets.
Différence de leur mode de pénétration
En pénétrant rapidement par la voie du système artériel pulmonaire, la nicotine de la cigarette arrive en quelques secondes seulement dans le cerveau.
La nicotine du patch quant à elle, pénètre lentement par la voie veineuse en passant par la peau.
Différence au niveau des conséquences de la nicotine de tabac et de celle des patchs
En dépit du fait qu’il s’agisse de la même molécule, en raison de leur mode de pénétration différente, le patch et la cigarette n’ont pas les mêmes conséquences. La nicotine des patchs n’entraine aucune accoutumance tandis que celle de la cigarette crée une dépendance tant sur le plan physique que psychique. Lorsque la nicotine arrive brutalement au cerveau, ce dernier réagit rapidement en secrétant des endorphines, dont la dopamine. Ces substances procurent un plaisir et une sensation de bien-être. Le cerveau associe alors le bien-être à la nicotine et c’est ainsi que le fumeur ne peut plus se passer du tabac et des plaisirs éphémères qu’il apporte. Une fois que la nicotine de la cigarette ne stimule plus au cerveau, ce dernier en réclame. Et plus le fumeur inhale la fumée, plus le cerveau devient dépendant des substances du tabac et plus il associera tous les évènements et émotions au tabac. Que le fumeur soit triste, gai, stressé, en colère, fatigué ou autre, il va compter sur la cigarette pour l’apaiser et lui apporter cette impression tant attendue de bien-être.
Différence au niveau des effets du patch et de la cigarette
Même s’il s’agit de la même nicotine, les effets du patch et de la cigarette sont également très différents. Les patchs apportent uniquement de la nicotine, tandis que la cigarette apporte la nicotine mélangée à 4000 autres substances toxiques. Les patchs n’auront aucun effet délétère sur l’organisme alors que la cigarette, le monoxyde de carbone et ses 4000 substances toxiques vont intoxiquer tout le corps et auront un effet vasoconstricteur, entrainant différentes maladies notamment les maladies respiratoires, les maladies pulmonaires, les maladies cardiovasculaires, le cancer et autres.
Les patchs sont-ils autorisés pour les adolescents ?
Si en 1992, le patch est mis en vente sous ordonnance médicale, depuis 2003, ils sont en vente libre dans les pharmacies. A la base contre-indiquée chez les adolescents, suite à quelques études réalisées sur l’impact du patch chez les jeunes sujets, l’usage de ce substitut est désormais autorisé pour faciliter le sevrage tabagique des jeunes adolescents de plus de 15 ans, en état de dépendance psychique. Les études ont toutes porté sur des adolescents fumeurs, âgés de 13 à 17 ans. Motivés pour arrêter de fumer, on leur a donné soit un patch actif, soit on leur a prescrit un patch placebo. Les résultats de ces différentes études ont permis de conclure que l’usage du patch de nicotine n’est possible qu’à partir de 15 ans et qu’il n’est efficace que chez les adolescents dépendants.
Excellente solution, tant pour le fumeur que pour son entourage, l’usage de substituts nicotiniques, sans traiter définitivement la dépendance au tabac, aide beaucoup dans le processus de sevrage tabagique. Dans 80 % des cas, la chance de réussir à abandonner définitivement la cigarette est doublée grâce à l’utilisation de ces substituts nicotiniques. Et quand bien même le nombre de personnes parvenu à stopper totalement la cigarette est infime par rapport au nombre de fumeurs, les substituts à la nicotine permettent une réduction non négligeable de la consommation de tabac. En plus d’accroitre l’espérance de vie des fumeurs, les substituts de nicotine tels que le patch réduisent l’exposition passive à la fumée chez les non-fumeurs.
Bien qu’il existe plusieurs types de substituts nicotiniques à savoir le patch de nicotine, la pastille à la nicotine, la gomme à la nicotine et l’inhalateur de nicotine, le patch reste la préférence. Cela s’explique par les nombreux avantages de son utilisation. Discret et facile à utiliser, un patch par jour suffit. En outre, le patch offre l’avantage de pouvoir s’associer avec tous les substituts nicotiniques.